
C’est
à la fin du XVIIIème
siècle, sous le
règne de Louis XVI, que le projet est lancé dans
le prolongement de l’aménagement du quartier
par François-Jean Orceau, (baron de Fontette, conseiller du
Roi et intendant de la
Généralité de Caen).
Ce sont les plans
de Armand Bernadin Lefèvre, ingénieur de la
généralité de Caen, qui sont retenus
en 1779. Les adjudications suivent, entre 1781, pour les prisons, 1784
pour les
salles d’audience, 1787 pour la façade.
Il a fallu adapter le plan d’ensemble
à la configuration du terrain d’où le
plan hexagonal de l’édifice. La prison est
terminée, les prisonnières y sont
installées en 1792, rue Bertauld, au grand dam des
propriétaires du quartier qui
estiment subir une dépréciation de leur
patrimoine. La prison est détruite en 1906-1907
lors du
percement de la rue.
La façade est achevée vers
1809, l’escalier de droite en 1816. Des travaux
d’aménagement
se poursuivent
jusqu’en 1822, pour l’installation du tribunal de
première instance.
Le percement
de
l’allée arrière, qui isole le Palais de
justice des maisons de la
Place Saint Sauveur, est adjugé en 1831, mais les travaux
dureront jusqu’en1849.
Entre temps, il
a fallu refaire les colonnes en 1840, car elles menaçaient
ruine !
Le tribunal civil et le
tribunal correctionnel furent installés en 1843.
Le perron en granit de Vire, et la grille
furent construits en
1847 et c’est en 1849 que les croisées
supérieures de la façade
furent remplacées par deux sculptures de Léon
Falconnier.
La construction de cet édifice est une
illustration de la continuité administrative et de
l’instabilité politique française :
commencé sous l’ancien régime, il
s’en fallut de peu qu’il fut achevé sous
le second Empire !
Le perron est surmonté d’un portique
composé d’une double rangée de six
colonnes galbées un peu lourdes.
Les chapiteaux
ioniques ont
des
volutes d’angle.
L’entablement est d’une grande simplicité, les modillons sous corniche étant de simples dés. Il en va de même pour le fronton triangulaire dont le décor, peut-être sculpté à l’origine, se limite à une simple horloge.
De part
et d’autre de ce portique, les deux
sculptures de Falconnier représentent la Force et la Loi.
Heureusement inscrit à l’inventaire
supplémentaire des monuments historiques depuis 1975, le
Palais de Justice est
l’élément majeur de
l’aménagement de la place Fontette, exemple
d’organisation de l’espace urbain au
XVIIIème
siècle, bien dans l’esprit
rationnel du temps.
Sur la place Saint Sauveur à l’emplacement
destiné à la construction du palais de justice se
trouvait le jardin de M. Précourt,
situé entre la place Saint Sauveur et la rue Saint Martin.
M. Précourt, de l’église
réformée, en avait fait un cimetière
protestant de 1740 à 1783.
Environ 400 sépultures ont été
relevées en 1783 pour le cimetière ouvert par la
ville, rue du magasin à Poudre.
Lucien
Bresson